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gereuse ; mais, que m’importe ! pourvu qu’ils soient justes ; je suis l’homme de la nature, avant que d’être celui de la société ; et je dois respecter et suivre les loix de la nature, avant que d’écouter celles de la société : les premières sont des loix infaillibles, les autres me tromperont souvent. D’après ces principes, si les loix de la nature m’obligent à me soustraire à celles de la société, si elles me conseillent de les braver ou de m’en moquer, assurément je le ferai sans cesse, en prenant toutes les précautions qu’exigera ma sûreté ; parce que toutes les institutions humaines, basées sur des intérêts où je ne suis associé que pour un, sur plusieurs milliards, ne doivent jamais l’emporter sur ce qui m’est personnel.

Pour appuyer l’excellent systême de Sylvestre, dit Ambroise, je ne vois qu’une chose ; c’est de considérer l’homme naturel, de l’isoler de la masse sociale, où l’ont nécessairement placé ses besoins. Si ses besoins l’y ont mis, dit Severino, il faut donc pour l’intérêt même de ses besoins, qu’il en remplisse les loix ; précisément, voilà le sophisme, reprend Ambroise ; voilà ce qui vous a fait faire des loix et des loix ridicules ; ce ne fut que par faiblesse que l’homme se rapprocha de la