Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appétit du mal, toujours un égal desir d’en faire, et j’en ai plus exécuté de sang-froid que je n’en ai commis dans le délire. Ainsi, dit Severino, vous n’avez donc pris cet habit religieux que pour tromper les hommes ? Assurément, répondit Jérôme ; c’est le manteau, de l’hypocrisie, le seul dont il soit nécessaire de se revêtir sans cesse ; le premier de tous les arts est de tromper, il n’en est pas de plus utile sur la terre ; ce n’est pas la vertu qui est bonne aux hommes, c’est son apparence ; on ne demande que cela dans la société ; les hommes ne vivent pas assez ensemble pour avoir vraiment besoin de la vertu ; l’enveloppe suffit à qui n’approfondit jamais. — Et voilà tout d’un coup de nouveaux vices ; car, il en est mille qui naissent de l’hypocrisie. — Raison de plus pour que nous devions l’aimer, dit Jérôme ; je vous avoue que dans ma jeunesse je ne foutais jamais de si bon cœur que quand l’objet tombait dans mes pièges à force de ruse et d’hypocrisie : il faudra que je vous raconte quelque jour l’histoire de ma vie. Nous brûlons de l’entendre, dirent à-la-fois Ambroise et Clément. Vous verrez-là, reprit Jérôme, si je me suis jamais lassé du crime. Eh ! le peut-on, dit Sylvestre ? est-il rien qui