Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prix. Combien, d’après cela, de condamnations arbitraires, puisque des plaisirs aussi vifs doivent en être les résultats ! Nous assistons quelquefois, mais en petit nombre, à ces funèbres jouissances : la victime, revêtue d’un crêpe noir, y est toujours en larmes ou évanouie ; et c’est dans l’horrible situation de cet individu, que ces scélérats trouvent le complément barbare de leur affreux délire. Leurs propos sont horribles alors, leurs voluptés semblables à celle des tigres, ils insultent aux malheurs de l’objet qu’ils persécutent, ils nous les donnent pour exemples, nous menacent d’un traitement pareil, et n’atteignent communément les dernières crises de la lubricité qu’au sein de l’exécration et de l’infamie. Quelques jours avant ton arrivée, je fus témoin d’une de ces scènes ; il s’agissait d’une fille de dix-sept ans, belle comme Vénus ; Jérôme était régent de fonction. Au rapport de la directrice, cette malheureuse fille fut accusée d’avoir voulu se sauver ; elle nia le fait ; Victorine conduisit Jérôme dans la cellule ; on trouva deux barreaux de cassés. Clémentine c’était le nom de cette délicieuse créature, continua de nier ; on ne l’écouta point ; la loi était contre elle ; on lui lut le dix-huitième