Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/179

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sacrés aux dépenses libidineuses de cette maison. Ils ont quatre hommes et quatre femmes de confiance, uniquement chargés de toujours tenir les deux sérails au complet, et qui, dans cette intention, ne cessent de parcourir toute la France. Jamais le sujet présenté ne doit être ni au-dessous de six ans, ni au-dessus de seize ; il doit être exempt de défauts, et doué, autant qu’il est possible, de tous les charmes et de toutes les grâces que peuvent lui prêter la nature et l’éducation ; mais il faut principalement qu’il soit d’une naissance distinguée ; ces libertins tiennent beaucoup à cette clause : ces rapts exécutés au loin, et toujours bien payés, n’entrainent aucun inconvénient ; il n’en résulte jamais aucune suite fâcheuse. Ils ne tiennent pas absolument aux prémices ; une fille déjà séduite, un garçon flétri, ou une femme mariée, tout cela leur plaît également ; mais il faut que le rapt soit constaté, cette circonstance les irrite ; ils veulent être certains que leurs crimes coûtent des pleurs ; ils ne voudraient pas d’un sujet qui se rendrait à eux volontairement ; si tu ne t’étais pas prodigieusement défendue, Justine, s’ils n’eussent pas reconnu un fond réel de vertu dans toi, et par conséquent la certitude