Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/194

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pas se mettre à table ; la directrice, d’un ton brusque, lui ordonna de s’y placer ; elle se mit au rang des filles de sa classe, et ne mangea que pour avoir l’air d’obéir. On avait à peine fini, que le supérieur entra ; on le reçut avec les mêmes cérémonies que venait de l’être Antonin, à la différence que les sultanes se gardèrent bien de se trousser par devant ; elles n’exposèrent que leurs culs aux regards exercés de l’ultramontain. L’examen fait, il se leva. Il faut bien penser à la vêtir, dit-il en fixant Justine ; puis, ouvrant une armoire placée dans la grande salle, il en tira quelques vêtemens, de la forme et de la couleur annexée à la classe où Justine entrait. Essayez cela, lui dit-il en les lui jetant, et rendez sur-le-champ ce qui vous appartient. Notre triste orpheline exécute, après avoir eu la précaution d’ôter son argent et de le placer dans ses cheveux. À chaque vêtement qu’elle enlève, les yeux de Sévérino se portent à l’instant sur l’attrait découvert : à peine est-elle nue, que le supérieur la saisit, et la couche à plat-ventre sur le bord d’un sopha ; Justine veut demander grace ; on ne l’écoute point : six femmes nues environnent les deux combattans, et présentent au moine l’autel qui