Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/203

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forme… que je te viens chercher, et qu’après-demain tu n’existeras plus. Si je t’enconne avant, double putain, c’est pour que tu emportes mon foutre en enfer, et que les furies t’en voyant inondée, s’en barbouillent le con tout un jour : je les fouterais elles-mêmes, si je les tenais. Allons, décharge donc, garce ; il me semble que je prépare assez bien tes sens à l’ivresse où je les desire… Mais Iris n’entendait plus rien ; absolument évanouie, elle n’avait plus ni chaleur, ni mouvement. Tel est l’état où le paillard se livre avec elle au dernier plaisir ; il lui mord les tetons en déchargeant, dans l’espoir de la rendre à la vie : c’est en vain ; on a beau faire, rien ne réussit et c’est dans cet état de stupeur et d’abattement, c’est en venant de jouir d’elle, que le barbare a la cruauté de la faire jeter dans les cachots, où elle va filer les dernières heures de sa vie.

Justine passa la plus cruelle journée : cette affreuse scène ne lui sortait pas de l’esprit. Elle frémissait d’être du souper qui devait accompagner ces sanglantes orgies ; heureusement qu’on la crut trop novice encore pour l’admettre dans une partie où la pudeur et l’humanité n’eussent pas été de saison ; elle