Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/204

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fut simplement commandée pour aller ce même soir passer la nuit chez Clément, Oh ! Dieu, s’écria-t-elle, il faudra que je satisfasse les passions de ce monstre qui ne m’abordera que couvert du sang de ma malheureuse compagne, qui, rassassié d’horreurs et d’infamies, ne m’approchera que le crime dans le cœur et le blasphême à la bouche… Est-il un sort plus affreux que le mien ? Cependant il faut partir, le geolier vient la prendre et l’enferme dans la cellule de Clément, où, pendant qu’elle attend ce scélérat, de nouvelles pensées plus affreuses encore viennent de nouveau troubler son imagination.

Sur les trois heures du matin, Clément arrive, suivi de ses deux filles de garde, venues le prendre au sortir du souper, où l’on sait qu’elles n’assistaient pas quand il s’agissait d’une orgie de réforme. L’une de ces filles se nommait Armande ; elle était blonde, d’une charmante physionomie, atteignant à peine sa vingt-sixième année, et nièce de Clément ; l’autre s’appelait Lucinde ; de l’embonpoint, de belles chairs, de la blancheur et vingt-huit ans.

Instruite de ses devoirs, Justine se jette à genoux, dès qu’elle entend le moine ; il vient