Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/233

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sible, n’importe par quelle voie. Celui qui fera donc naître dans une femme l’impression la plus tumultueuse, celui qui l’effrayera davantage, qui la tourmentera le plus rigoureusement, qui, en un mot, bouleversera le mieux toute son organisation, aura donc décidément réussi à se procurer la plus grande dose de volupté possible, parce que le choc résultatif des impressions étrangères sur nous devant être en raison de l’impression produite, sera nécessairement plus actif, si cette impression des autres a été pénible, que si elle n’a été que douce et moëlleuse ; d’après cela le voluptueux égoïste, persuadé que ses plaisirs ne seront vifs qu’autant qu’ils seront entiers, imposera donc, quand il en sera le maître, la plus forte dose possible de douleur à l’objet qui lui sert, bien certain que ce qu’il retirera de volupté, ne sera qu’en raison de la plus vive impression qu’il aura produit.

Ces systêmes sont épouvantables, mon père, dit Justine ; ils conduisent à des goûts cruels, à d’exécrables fantaisies. — Et qu’importe, répondit ce barbare ; encore une fois, sommes-nous les maîtres de nos goûts ? ne devons-nous pas céder à l’empire de ceux que nous avons reçus de la nature, comme la