Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/257

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monie, lorsqu’elle apprit, le lendemain, que les têtes s’étant échauffées, on avait r’habillée Florette en vierge, on l’avait conduite au couvent ; et qu’après l’avoir replacée dans sa niche, les six moines, nus et à moitié ivres, s’étaient divertis, avec plusieurs filles, à supplicier, sur l’autel même, cette malheureuse créature, qui, leur donnant l’idée de la mère d’un Dieu qu’ils détestaient, fut traitée si cruellement, qu’il ne restait plus, vers le matin, le plus léger vestige de ses membres !

Cependant la fête avait effectivement amené bien des recrues. Trois jeunes filles nouvelles, et jolies comme des anges, vinrent remplacer celles qui manquaient ; et l’on pensait à de

    loir abjurer à jamais ses stupidités : mais, incroyable puissance de la superstition ! voilà les mêmes erreurs prêtes à se repropager encore ; et le calme, la tranquillité, la justice, ne peuvent reparaître sur notre horizon, qu’à l’ombre des chimères papistes ! Est-il rien au monde qui prouve mieux que l’homme n’est fait pour la liberté ni pour le bonheur, puisqu’il ne flotte jamais entre ces deux situations, sans être entourés des écueils qui doivent essentiellement détruire l’une ou l’autre, et qu’il ne peut jamais secouer un joug, sans s’enchaîner dès le même instant sous un autre.