Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/259

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tourent aussi-tôt, c’est à qui préviendra, à qui flattera le mieux ses desirs ; on n’imagine pas ce qu’on obtient de la crainte. Au milieu de sa course, le cruel moine se rappelle que Justine est l’amie intime de celle qu’il tourmente ; il exige qu’elle vienne se placer sur les épaules d’Omphale, en lui présentant l’anus à lécher. Eh bien, se plaisait-il de dire à notre malheureuse orpheline, elle te devance ; elle va chez Pluton préparer ton logement ; tranquilises-toi, Justine, sèches tes larmes, tu la suivras de près, la privation sera courte ; elle doit mourir écartelée ; eh bien, tu mourras de même, je te le promets ; vois quelle est ma délicatesse… jusqu’où vont mes bontés pour toi ? Et le coquin limait toujours ; mais il ne veut rien perdre, on le voit ; et après quelques claques sur les fesses de Justine et d’Omphale, dont les empreintes se caractérisèrent en traits d’un rouge foncé, il se retire en menaçant, en injuriant toutes les femmes, et en les assurant toutes, que leur tour n’est pas éloigné, et que la société délibère aujourd’hui à les faire toutes à l’avenir périr au moins par demi-douzaine : il entre delà chez Victorine où deux petites filles de dix à douze ans l’attendent pour lui dérober, à force