Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/297

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précautions et mes infidélités en faveur du cul de ma cousine, il fut démontré que l’enfant dont Henriette accoucha, m’appartenait : c’était une fille, à laquelle vous verrez jouer un rôle dans le cours de cette histoire. Ce double accident, que nous ne parvînmes à cacher qu’avec infiniment d’art, acheva de nous refroidir sur nos princesses. Eh bien ! me dit Alexandre, quelques mois après, penses-tu toujours de même sur le compte de ta sœur ? C’est plus cruellement que jamais, répondis-je, que je conçois le ferme projet de me venger de l’illusion où ses attraits ont pu me jeter ; je la vois comme un monstre en horreur à mes yeux ; mais, si tu l’aimes, cela va me retenir ? Qui ? moi, dit Alexandre, moi, chérir une femme, après l’avoir foutue ! ne t’ai-je donc pas dévoilé mon cœur ? sois sûr qu’il ressemble au tien ; convaincs-toi bien que ces deux filles sont maintenant abhorrées par moi, et que, si tu le veux, nous ne nous occuperons que de les perdre. Faisons-en le serment, répondis-je, et que rien ne l’enfreigne jamais. Il est fait, me dit Alexandre ; mais quel moyen allons-nous employer ? Le mien est sûr, dis-je ; laisse-toi surprendre avec ma sœur par ma mère ; je connais sa