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de parties absolument différent, en un mot, de tout ce que nous connaissons, prétendirent qu’elle n’était point sujette aux loix que nous trouvons dans tous les êtres dont l’expérience nous montre la décomposition perpétuelle ; ils partirent de ces faux principes pour se persuader que le monde avait aussi une ame spirituelle, universelle, et ils donnèrent le nom de Dieu à cette nouvelle chimère dont celle de leur corps devenait une émanation. De-là, les religions, et toutes les fables absurdes qui en découlèrent, tous les systêmes gigantesques et fabuleux qui devaient nécessairement résulter de cette première extravagance ; de-là, les idées romanesques de peines ou de récompenses après cette vie, absurdité la plus révoltante de toutes ; car, si l’ame humaine était une émanation de l’ame universelle, c’est-à-dire, du Dieu de l’univers, comment pouvait-elle mériter ou démériter ? comment perpétuellement enchaînée à l’être dont elle émanait, pouvait-elle être libre, et d’après cela, punie ou récompensée comme telle ? Que les sectateurs de l’imbécille systême de l’immortalité de l’ame n’aillent pas nous donner son universalité pour preuve de sa réalité ; rien n’est aussi simple que la prodigieuse