Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/315

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sacrifices. Enfin le dégoût se fit sentir, et avec lui le desir de toutes les perfidies, qui, chez moi, l’accompagnait ordinairement ; je n’avais d’autre moyen de satisfaire à cet écart de ma cruelle imagination, que de dénoncer à M. de Moldane la conduite secrète de ses enfans. Je prévoyais bien les dangers d’une récrimination ; mais ma tête, fertile en scélératesses, me fournirait, j’en étais sûr, tous les moyens de la combattre. Je préviens Moldane ; Dieu ! quelle est ma surprise de le voir sourire à cette nouvelle, au lieu de s’en courroucer ! Mon ami, me dit le robin, je suis très-philosophe sur toutes ces fadaises-là ; sois bien certain que, si j’étais aussi ferme en morale que tu m’as supposé, j’aurais pris sur toi des informations un peu plus sévères que je ne l’ai fait ; ton âge même, ainsi que tu dois facilement le concevoir, t’aurait seul écarté du poste où tu prétendais. Viens, Jérôme, poursuivit Moldane en m’attirant dans un cabinet délicieusement orné de tout ce que la lubricité peut inventer de plus luxurieux, viens te donner un échantillon de mes mœurs. Le coquin, en disant cela, lâche la ceinture de ma culotte, et, prenant mon vit d’une main et mon cul de l’autre, le brave père