Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus d’un an nous menâmes, aux dépens d’Abraham, la vie du monde la moins Israélite.

Au bout de cet intervalle, Joséphine crut s’appercevoir que son amant n’avait plus pour elle le même enthousiasme. Prévenons la satiété, m’écriai-je aussi-tôt. ; puisqu’on ne peut plus compter sur Pexoto, tirons-en au moins ce que nous pourrons. Je savais que le Juif, qui avait en moi une sorte de confiance, venait de recevoir en billets de caisse un paiement de 1500 mille livres ; j’arrangeai les choses de manière qu’il ne trouvât point Joséphine à la maison au moment où il était accoutumé de s’en servir. Où est ta sœur, Jérôme, me dit-il, en ne la voyant pas ? Monsieur, lui répondis-je, un gros sujet de chagrin vient de la conduire à l’instant chez vous ; elle a recommandé que si vous arriviez pendant ce tems-là, on vous servît de même à souper, et qu’elle reviendrait à l’instant. Mais, monsieur, la cause de son chagrin est bien vive ; elle était bien pressée de vous voir et de vous parler ; ne vous rencontrant pas, je crains bien qu’elle ne se porte à quelque action de désespoir. Voles-y, me dit Abraham, ne perds pas une minute ; si c’est de l’argent qu’il lui faut, voilà un blanc-seing sur mon caissier ;