Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

énormes que tes escroqueries ; tu jouissais d’une telle réputation, qu’à supposer même que cette aventure ne nous eût pas contraint à quitter Bordeaux, la police nous en eût bientôt expulsé ; tu ne t’es pas contenté de prendre des filles de bonne volonté ; tu en as battues, violées, molestées, et peut-être pis… — Pis ? Ma foi, je le croirais, dis-je à Joséphine : poursuis, mon cœur ; continues mon panégyrique ; il est, ce me semble, très-parfaitement dans ta bouche. — C’est qu’il est affreux… — Ah ! graces, je t’en supplie ; je ne t’ai pas pris pour me faire des mercuriales, mais pour servir mon avarice, ma luxure et mes fantaisies ; ne perds jamais de vue l’autorité que tes crimes me donnent sur toi ; songes qu’en dénonçant ces crimes, je puis te faire pendre demain ; songes qu’en t’abandonnant à ton propre sort, en ne t’éclairant plus de mes conseils, devenue une petite racrocheuse à ving-quatre sous, tu périrais bientôt de misère ; continues donc, Joséphine, d’être, avec soumission, et la complice et l’instrument de mes forfaits, et souviens-toi que j’ai toujours deux pistolets dans ma poche pour te brûler la cervelle, à la première désobéissance. — O Jérôme ! je me croyais aimée de toi ;