Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je le fus toute ma vie dans le crime, je me contentai d’amorcer de frais ; puis, descendant, un de mes pistolets à la main ; l’ami, dis-je au courrier, est-ce moi, par hasard, que tu cherches ? — Oui, scélérat, me répond aussi-tôt le même Isaac qui m’avait remis le porte-feuille de Pexoto ; oui, fripon, oui, c’est toi… toi, que je vais faire arrêter à l’instant. — Imposteur exécrable, répondis-je alors avec fermeté ; essayes de l’entreprendre ; patron, poursuivis-je en m’adressant à l’hôtellier ; qu’on aille me chercher le juge du lieu, pour que je lui porte, à mon tour, toutes les plaintes que j’ai à faire contre ce drôle-là. Isaac interdit d’une contenance à laquelle il était loin de s’attendre ; Isaac qui, se confiant en ses propres forces, parce qu’il avait raison, et que j’avais tort, n’avait pris aucune précaution pour me prouver mon crime, point d’ordres, point de procédures, point d’exempt, Isaac, dis-je, changea de visage, et s’assit tranquillement au près du feu, en disant nous allons voir. Le juge arrive ; monsieur, dis-je en prenant le premier la parole, voilà un fripon qui me doit cent mille écus ; il est, comme moi, négociant à Bordeaux ; lorsque j’ai été pour recevoir mes fonds, en