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prit ; c’est que je suis immoral par systême, et non par tempérament ; l’état de force ou de faiblesse dans lequel je puis être, ne contribue nullement aux dispositions de mon esprit ; et je me livre aussi bien aux derniers excès de la luxure, en venant de décharger, qu’avec du sperme de six mois dans les couilles. — Je voulus ensuite témoigner quelque surprise au prince, sur le genre de plaisir crapuleux auquel je le voyais livré. — Mon ami, me répondit-il, c’est qu’il n’y a que cela de bon en libertinage ; plus le goût qu’on chérit est sale, plus il doit naturellement exciter. À mesure que l’on se blase sur ses goûts, on les raffine ; il est donc tout simple d’arriver ainsi au dernier point de la corruption réfléchie. Tu trouves mes goûts bizarres, et moi je les trouve trop simples ; je voudrais faire bien pis. Je passe ma vie à me plaindre de la médiocrité de mes moyens. Aucune passion n’est exigeante comme celle du libertinage, parce qu’il n’en est aucune qui chatouille, qui pique, qui agace aussi vivement le genre nerveux, aucune qui porte dans l’imagination un incendie plus considérable ; mais il faut, en s’y livrant, oublier tout-à-fait la qualité à homme civilisé ; ce n’est que comme les sau-