Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/361

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les crimes hébêtés de l’insurrection populaire, l’avilissement des arts, le mépris des sciences, la disparution du numéraire, le surhaussement excessif des denrées, la peste, la guerre, la famine, et tous les fléaux que ces malheurs entraînent. Voilà, Jérôme, voilà ce qui attend un peuple qui secoue le joug ; et s’il existait un être souverain au ciel, son premier soin serait de punir, sois-en sûr, le chef assez imbécille pour avoir cédé sa puissance. Mais cette puissance, dis-je, n’est-elle pas dans la main du plus fort ; et le peuple en masse n’est-il pas le seul souverain ? — Mon ami, le pouvoir de tous n’est qu’une chimère ; il ne résulte aucun effet d’une multitude de forces discordantes : tout pouvoir disséminé devient nul ; il n’a d’énergie qu’en le concentrant. La nature n’a qu’un flambeau pour éclairer le monde ; chaque peuple, à son exemple, ne doit avoir qu’un maître. — Mais pourquoi le voulez-vous tyran ? — Parce que l’autorité lui échappe, s’il est débonnaire ; et je viens de te peindre tous les malheurs qui résultent de l’autorité qui s’échappe. Un tyran vexe quelques hommes ; voilà de sa tyrannie des résultats bien médiocres ; un prince mou laisse changer l’autorité de mains ; et voilà des mal-