Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/367

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trième mois. Me priant ensuite de l’écouter un moment en secret, voilà, me dit-il, les six cent mille francs que je suis chargé de vous remettre, et les cinq cents florins pour votre route ; je viendrai moi-même chercher votre sœur ce soir ; qu’elle soit prête ; et vous, monsieur, que le soleil levant ne vous retrouve pas dans Berlin. Comptez sur ma parole, monsieur, répondis-je, en lui présentant dix mille francs, qu’il refusa ; mais, de grâce, expliquez-moi tout ce que vous pourrez de cette circonstance singulière ; vous savez sans doute ce qu’on veut faire de ma sœur. — La victime d’un meurtre de débauche, monsieur ; je crois pouvoir vous le révéler, parce qu’on m’a dit que vous étiez au fait. — Et sera-t-il bien cruel ? — C’est une nouvelle expérience, dont les angoisses sont d’une telle énergie, que le sujet s’évanouit à chaque reprise, et qu’il reprend nécessairement ses sens, dès que l’on arrête. — Et le sang coule-t-il ? — Très en détail : c’est ce qu’on appelle une réunion de douleurs ; toutes celles dont la nature afflige l’humanité sont imitées dans ce supplice, tiré du manuel des inquisiteurs de Goa. — À en juger par les sommes que je reçois, l’acquéreur est un homme riche. — Je l’ignore, monsieur. — Dites-moi seulement si vous croyez