Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/53

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des hommes, la recevra parfaitement bien ; qu’il lui donnera tous les secours qui lui seront nécessaires. Il se nomme Dom Severino ajoute-t-on ; il est Italien, proche parent du Pape, qui le comble de bienfaits ; il est doux, honnête, serviable, âgé de cinquante-cinq ans, dont il en a passé les deux tiers en France ; et toutes ces indications reçues, Justine s’achemine vers la sainte retraite où l’éternel paraît lui assurer d’aussi douces consolations.

À peine est-elle descendue de l’éminence sur laquelle elle était montée, qu’elle n’apperçut plus le clocher : n’ayant plus pour guide que la forêt, elle commence à croire que l’éloignement dont elle a oublié de s’informer est bien autre que l’estimation qu’elle en a faite ; mais rien ne la décourage ; elle parvient au bord du bois, et voyant qu’il lui reste encore assez de jour… elle se détermine à s’y enfoncer, ne cessant de croire qu’elle pût arriver avant la nuit. Cependant nulle trace humaine ne se présente à ses yeux, pas une maison, et pour tout chemin un sentier hérissé de broussailles, et qui paraissait ne devoir servir qu’à des bêtes fauves ; elle avait déjà fait au moins cinq lieues sans