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rien voir qui lui annonçât ce qu’elle cherchait, lorsque, l’astre ayant absolument cessé d’éclairer l’univers, il lui semble ouïr le son d’une cloche : l’espoir renaît ; elle écoute, elle marche vers le bruit, elle se hâte, pénètre enfin dans un taillis obscur, qui, par un sentier bien plus étroit que celui qu’elle avait suivi jusqu’alors, la conduit à la fin au couvent de Sainte-Marie-des-Bois. C’est ainsi que se nommait cette habitation.

Si Justine avait cru les abords du château de Bandole d’un agreste effrayant, certes, elle dût trouver ceux de cette abbaye bien plus sauvages encore. La plus prochaine habitation était à six lieues de celle-ci, et des bois immenses semblaient la dérober aux regards des hommes : elle était située dans une large et profonde vallée, que des chênes antiques environnaient de toutes parts ; telle était la raison qui avait fait perdre à Justine le clocher de vue, dès qu’elle s’était trouvée dans la plaine. Après avoir descendu près de trois quarts-d’heure, notre héroïne arrive enfin près d’une cahute, située sous le porche de l’église ; elle sonne ; un vieux frère paraît. — Que voulez-vous, dit-il brusquement ? — Ne peut-on parler au supérieur ? — Qu’avez-