Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/68

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moins l’absolution. — Dieu m’en garde ! répondis-je d’un ton ferme et sévère ; je ne compromettrai point jusques-là la médiation que j’ai reçue du ciel ; je n’assimilerai point, par cette sainte bénédiction, le coupable à l’homme de bien ; l’exiger… oser me le demander même est un nouveau crime, dont le ciel doit inévitablement vous punir. Adieu, madame ; vos forces faiblissent, je le vois ; rappelez toutes celles qui vous restent pour soutenir le moment cruel de votre apparition devant Dieu ; moment bien terrible sans doute, quand on n’y arrive que pour écouter la sentence céleste qui doit vous plonger aux enfers !

Ici la malheureuse s’évanouit ; et moi, ivre de luxure, de crime et de méchanceté, je donnai l’essor à mon vit furieux, et l’enfonçai dans le cul de ma dévote, qui, ne mourant que d’une maladie de langueur, avait su conserver assez de charmes pour inspirer encore des desirs. Il y avait long-tems, je l’avoue, que je n’avais fait une meilleure décharge. Mon opération faite, je disparus en emportant tous les bijoux que je pus trouver dans la chambre ; et j’appris, dès le même soir, que ma pauvre pénitente avait rendu son ame timorée au travers des flots de foutre dont