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j’avais inondé le passage. Je fis présent de la petite fille au couvent, et ne réservai pour moi que les richesses, que je commençais à préférer à tout.

Cependant, au faîte du bonheur et du calme paisible dont ma philosophie me faisait jouir, j’éprouvais cette sorte d’inconstance, fléau de l’ame et trop funeste apanage de notre triste humanité ; blasé sur tout, il n’était plus aucune jouissance qui parvînt à me réveiller. J’inventais des horreurs, et je les exécutais de sang-froid ; en état de ne me rien refuser, quelque dispendieux que pussent être mes projets de débauche, je les entreprenais à l’instant. J’envoyais chercher des victimes de ma luxure jusques dans les îles de l’Archipel, et mes émissaires se trouvant un jour en concurrence avec ceux du grand-seigneur, j’eus la gloire et la satisfaction d’apprendre qu’ils l’avaient emporté sur ceux du sultan.

Mais ce n’était plus tout cela qu’il me fallait ; une jouissance simple ne me faisait plus éprouver la moindre sensation ; j’avais besoin de crimes, et je n’en pouvais trouver d’assez forts.

Un jour, examinant l’Etna, dont le sein vomissait des flammes, je desirais être ce cél-