Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/70

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èbre volcan : bouche des enfers, m’écriai-je en le considérant, si comme toi je pouvais engloutir toutes les villes qui m’environnent, que de larmes je ferais couler ! À peine mon invocation est-elle prononcée, que j’entends du bruit près de moi : un homme m’écoutait. Vous venez, me dit ce personnage, de former un étrange desîr. Dans l’état où je suis, répondis-je avec humeur, on en forme de plus extraordinaire encore. Soit, me répond mon homme ; mais tenons-nous-en à celui que vous venez de prononcer ? et apprenez de moi qu’il est possible. Je suis chymiste, j’ai passé ma vie à étudier la nature, à lui dérober ses secrets, et l’immoralité nourrissant mes études, ce n’est, depuis vingt ans, qu’au malheur des hommes que je consacre mes découvertes ; vous voyez comme je vous parle ; votre singulier desir m’a convaincu de la confiance que je pouvais avoir en vous ; apprenez donc qu’on peut contrefaire les terribles irruptions de cette montagne ; si vous voulez nous l’essaierons ensemble. Monsieur, dis-je à cet homme en l’invitant de s’asseoir avec moi près d’un arbre, causons, je vous supplie. Est-il bien vrai que vous puissiez imiter un volcan ? — Rien de plus aisé, — Et nous pro-