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duirons par l’effervescence de ce volcan factice les mêmes effets qu’un tremblement de terre ? — Absolument. — Nous détruirons des villes ? — Nous les abîmerons, nous bouleverserons l’île entière. — Agissons, monsieur, agissons ; je vous couvre d’or si vous réussissez. — Je ne vous demande rien, me répondit mon homme, le mal m’amuse, et lorsque je m’y livre, jamais je ne m’en fais payer ; je ne vends que les recettes qui sont utiles aux hommes ; je distribue pour rien toutes celles qui leur nuisent. Je ne pouvais me lasser de considérer ce personnage. Qu’on est heureux, monsieur, lui dis-je avec enthousiasme, lorsqu’on rencontre des gens qui pensent comme nous ! Et dites-moi, homme céleste, quel est le motif qui vous fait faire le mal, et qu’éprouvez-vous en le faisant ?

« Écoutez-moi, me dit Almani, c’était le nom de ce chymiste, je vais répondre à vos deux questions. Le motif qui m’engage à me livrer au mal est né chez moi de la profonde étude que j’ai fait de la nature ; plus j’ai cherché à surprendre ses secrets, plus je l’ai vue uniquement occupée de nuire aux hommes ; suivez-là dans toutes ses opérations, vous ne la trouverez jamais que vorace, destructive