Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/26

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grâces, n’offrait plus maintenant que la plus déchirante image de la douleur et de la mort. Elle a pourtant encore la force de se jeter aux pieds de son mari, pour implorer de nouveau son pardon ; mais Gernande, inflexible, se plaît à la fixer dans cet état d’angoisses. Oh ! sacre-Dieu, s’écrie-t-il, quel plaisir de voir une femme en pareille situation ! que la douleur est belle à contempler ! viens me branler, Justine, sur le visage de ta maîtresse… Mon ami, dit Verneuil, il faudrait fouetter ce beau visage… Chier dessus, dit Victor… Le souffletter, dit d’Esterval… L’enduire de miel et y lâcher des guêpes, dit Dorothée… Un peu de patience, dit Gernande, qui savourait sur cette charmante figure toutes les différentes gradations douloureuses, qu’occasionnait chacune de ces propositions ; il est impossible de nous satisfaire tous. Chacun a-t-il envie de faire ce qu’il a proposé !… Oui… Eh bien, contentez-vous, mes amis ; je vous la livre. Toutes ces différentes horreurs s’exécutent ; cinq monstres s’acharnent sur cette malheureuse ; et c’est ainsi, qu’après une vie bien courte, terminée par onze heures des plus déchirans supplices, cet ange céleste remonte vers le ciel, d’où il n’était descendu que pour orner un moment la terre.