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par les symptômes extérieurs qui les caractérisent, son intellect alors n’a ni plus de finesse, ni plus de propriétés que l’instinct des brutes qui recherchent ou fuyent certains objets, d’après les mouvemens qu’excitent en eux les loix inaltérables de la sympathie ou de l’antipathie : si cela est, comme tout nous le prouve… comme il est impossible d’en douter, quelle est donc la folie des hommes de se supposer une créature formée de deux substances distinctes, tandis que les bêtes, qu’ils regardent comme de pures machines matérielles, sont douées, en raison de la place qu’elles occupent dans la chaîne des êtres, de toutes les facultés qu’on remarque dans l’espèce humaine. Un peu moins de vanité et quelques instans de réflexion sur soi-même, suffiraient à l’homme pour se convaincre qu’il n’a de plus que les autres animaux que ce qui convient à son espèce dans l’ordre des choses, et qu’une propriété indispensable de l’être auquel elle est attachée n’est point le présent gratuit de son fabuleux auteur, mais une des conditions essentielles de cet être, et sans laquelle il ne serait pas ce qu’il est.

Renonçons donc au ridicule systême de l’immortalité de l’ame, fait pour être aussi cons-