Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/82

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résultait de-là que je faisais des choix meilleurs et que la surabondance de la matière première de mes opérations me dédommageait de la main-d’œuvre. C’est cette femme qu’il faut remplacer, ma chère ; tu en auras quatre à tes ordres, et deux mille écus d’appointemens. J’ai dit, répond Justine. Et Sur-tout que des chimères ne t’empêchent pas d’accepter ton bonheur, quand le hasard et ma main te l’offrent.

Oh ! monsieur, répondit Justine à ce malhonnête homme, en frémissant de ses discours, est-il possible, et que vous puissiez concevoir de telles voluptés, et que vous osiez me proposer de les servir ? Que d’horreurs vous venez de me faire entendre ! Homme cruel si vous étiez malheureux seulement deux jours, vous verriez comme ces systêmes d’inhumanité s’anéantiraient bientôt dans votre cœur ; c’est la prospérité qui vous aveugle et qui vous endurcit ; vous vous basez sur le spectacle de maux dont vous vous croyez à l’abri ; et parce que vous espérez ne les point sentir, vous vous supposez en droit de les infliger. Puisse le bonheur ne point approcher de moi, dès qu’il peut corrompre à tel point ! Juste ciel ! ne se pas contenter d’abu-