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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/121

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tions qui loin de ces puérilités, n’estiment au contraire les jeunes personnes de nôtre sexe qu’en raison de leurs désordres ; à cette seule multiplicité réside la véritable vertu d’une fille ; plus elle se livre, plus elle est aimable ; plus elle fout, plus elle fait d’heureux, et plus elle est utile au bonheur de ses concitoyens. Qu’ils renoncent donc ces maris barbares au vain plaisir de cueillir une rose, droit despotique qu’ils ne s’arrogent qu’aux dépends du bonheur des autres hommes ; qu’ils cessent de mésestimer une fille qui ne les connaissant pas, il a pu les attendre pour leur faire présent de ce qu’elle a de plus précieux, et qui certainement ne l’a pas dû si elle a consulté la nature : examinerons-nous la nécessité de la vertu des êtres de nôtre sexe sous le second rapport, je veux dire quand nous sommes mariées ? Ceci nous ramène à l’adultère, et c’est ce prétendu délit que je veux traiter à fond.

Nos mœurs, nos religions, nos loix, toutes ces viles considérations locales ne méritent aucun égard dans cet examen ; l’objet n’est pas de savoir si l’adultère est un crime aux yeux du Lapon qui le permet, ou du français qui le défend ; mais si l’humanité