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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/122

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et la nature sont offensées de cette action : pour pouvoir admettre une hipothèse semblable, il faudrait méconnaître l’étendue des desirs physiques dont cette mère commune des hommes a doué les deux sexes. Sans doute si un seul homme suffisait aux desirs d’une seule femme, ou qu’une seule femme put contenter les ardeurs d’un seul homme, dans cette hipothèse, alors tout ce qui violerait la loi, outragerait aussi la nature. Mais si l’inconstance et l’insatiabilité de ces desirs sont telles, que la pluralité des hommes soit aussi nécessaire à la femme que celle des femmes le devient aux hommes, vous m’avouerez que dans ce cas, toute loi qui s’oppose à leurs desirs, devient tyrannique, et s’éloigne visiblement de la nature. Cette fausse vertu qu’on nomme chasteté, étant certainement le plus ridicule de tous les préjugés, encore que cette manière d’être ne coopère en rien au bonheur des autres, et nuit infiniment à la prospérité générale, puisque les privations qu’impose cette vertu sont nécessairement très-cruelles, cette fausse vertu, dis-je, étant l’idole qu’on encense, dans la crainte qu’on a de l’adultère, doit d’abord être mise, par tout être sensé,