Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devenu, s’il n’y eût eu qu’une seule famille en France ; cette famille se serait-elle divisée par troupes pour se combatre réciproquement, pour adopter, les unes le parti, d’un tyran, les autres le parti contraire. Plus d’Orléanais contre les Bourguignons, plus de Guises contre les Bourbons, plus de toutes ces horreurs qui ont déchiré la France, et dont l’unique objet était l’orgueil et l’ambition des familles. Ces passions s’annéantissent avec l’égalité que je propose ; elles s’oublient avec la destruction de ces liens ridicules appelés mariages ; plus qu’une vue, plus qu’un projet, plus qu’un desir dans l’état ; vivre heureux ensemble, et défendre ensemble la patrie. Il est impossible que la machine subsiste long-tems avec les usages adoptés jusqu’à ce jour. Les richesses et le crédit s’étayant, se cherchant sans cesse, il y aura nécessairement avant un siècle une portion de l’état si puissante et si riche qu’elle culbutera l’autre, et voilà encore la patrie désolée[1].

  1. Il faut observer que les mémoires de Justine et, ceux de sa sœur étaient écrits avant la révolution.