Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puisse en revenir ? De deux choses l’une ; ou cet homme aime sa femme, ou il ne l’aime point ; dans la première hipothèse, dès qu’elle lui manque, c’est qu’elle ne l’aime plus ; or dites-moi, si la plus haute de toutes les extravagances, n’est pas d’aimer quelqu’un qui ne nous aime plus ? L’homme dont il s’agit doit donc dès ce moment cesser d’être attaché à son épouse, et dans cette supposition, l’inconstance doit être parfaitement permise à cette épouse. Si c’est le second cas, et que n’aimant plus sa femme, l’homme ait donné lieu à cette inconstance, de quoi peut-il se plaindre ? il a ce qu’il mérite, ce qui devait nécessairement lui arriver, en se comportant comme il le fait ; il commettrait donc la plus grande injustice en s’en plaignant, ou le trouvant mauvais ; n’a-t-il pas dix mille objets de dédommagement autour de lui : Eh ! qu’il laisse s’amuser en paix cette femme, assez malheureuse déjà, d’être obligée de se contraindre, pendant que lui n’a besoin d’aucun voile, et qu’aucune opinion ne le condamne. Qu’il la laisse goûter tranquillement des plaisirs qu’il ne peut plus lui procurer, et sa complaisance peut encore lui faire une amie, d’une