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orgueil ou leur intempérance présidait à la rédaction.

O mes compagnes ! foutez, vous êtes nées pour foutre, c’est pour être foutues que vous à créées la nature ; laissez crier les sots, les bégueules et les hypocrites ; ils ont leur raison pour vous blâmer de cette délicieuse intempérance qui fait le charme de vos jours. Ne pouvant plus rien obtenir de vous, jaloux de tout ce que vous pouvez donner aux autres, ils ne vous blâment que parce qu’ils n’attendent plus rien, et qu’ils sont hors d’état de vous rien demander ; mais consultez les enfans de l’amour et du plaisir, interrogez la société toute entière, tout se réunira pour vous conseiller de foutre, parce que foutre est, l’intention de la nature, et que l’abstinence en est le crime. Que le nom de putain ne vous effraye pas, bien dupe est celle qui s’en effarouche ; une putain est une créature aimable, jeune, voluptueuse, qui sacrifiant sa réputation au bonheur des autres, rien que par cela seul, mérite des éloges. La putain est l’enfant chéri de la nature, la fille sage en est l’exécration ; la putain mérite des autels, et la vestale des bûchers. Eh quel plus sensible outrage