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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/173

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qu’il se croit heureux alors, et qu’il l’est ; si réversiblement l’individu vertueux l’est aussi, le bonheur n’est donc plus une situation que chacun puisse saisir en se conduisant bien ; il ne dépend donc uniquement que de notre organisation, et peut donc se rencontrer également dans le triomphe de la vertu et dans l’abîme du vice… Mais que dis-je, dans le triomphe de la vertu… Ah ! ses chatouillemens alors seraient-ils aussi piquans ? Quelle est l’ame froide qui pourrait s’en contenter ? Non, mes amies, non, jamais la vertu ne sera faite pour le bonheur, il ment, celui qui se flatte de l’avoir trouvé dans elle, s’il veut nous faire prendre pour le bonheur les illusions de son orgueil ; pour moi, je vous le déclare, je la foule aux pieds de toute mon ame, je la méprise autant que j’avais la faiblesse de la chérir autrefois, et je voudrais joindre aux délices de l’outrager sans cesse, la volupté suprême de l’arracher dans tous les cœurs. Que de fois dans mes illusions, ma maudite tête s’échauffe au point de vouloir être couverte de cette infamie que je viens de peindre ; oui je voudrais être déclarée infâme, je voudrais qu’il fut décidé, affiché que je suis une pu-