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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/222

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cherche à rétablir l’équilibre qui, en morale comme en physique, est la première des loix de la nature : il ne fait rien que de juste. Mais ce n’est point là ce que je voulais démontrer : il ne faut point de preuves, il n’est pas besoin d’argumens pour prouver que le faible ne fait que ce qu’il doit en cherchant à rentrer dans des possessions envahies ; ce dont je veux vous convaincre, c’est que le fort ne commet lui-même, ni crime, ni injustice en tâchant de dépouiller le faible, parce que c’est ici le cas où je me trouve ; c’est l’acte que je me permets tous les jours ; or, cette démonstration n’est pas difficile, et l’action du vol, dans ce cas, est assurément bien mieux dans la nature, que sous l’autre rapport : car, ce ne sont pas les représailles du faible sur le fort, qui véritablement sont dans la nature : elles y sont au moral, mais non pas au physique, puisque pour employer ces représailles, il faut qu’il use de forces qu’il n’a point reçues ; il faut qu’il adopte un caractère qui ne lui est point donné, qu’il contraigne en quelque sorte la nature. Mais ce qui, vraiment, est dans les loix de cette mère sage, c’est la lésion du fort sur le faible, puisque pour arriver