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lui et vous : lui, a fait une atrocité fondée sur des motifs ; et vous, vous commettez la même atrocité, sans motif. Ce seul exposé suffit à vous faire voir toute l’injustice d’une loi que les sots trouvent si belle. Poursuivons[1].

Il fut un tems où les seigneurs allemands comptaient parmi leurs droits, celui de voler sur les grands chemins. Ce droit remonte aux premières institutions des sociétés où l’homme libre et vagabond se nourrissait comme les oiseaux, de tout ce qu’il pouvait dérober ; il était alors l’élève de la nature, il est aujourd’hui l’esclave des préjugés absurdes, des loix atroces, et des religions imbécilles. Tous les biens, dit le faible, furent également repartis sur la surface de

  1. La paresse et l’imbécillité des législateurs leur firent imaginer la loi du Talion. Il était bien plus simple de dire, faisons-lui ce qu’il a fait, que de proportionner spirituellement et équitablement la peine à l’offense : il faut infiniment d’esprit pour ce dernier procédé, et au-delà du nombre de trois ou quatre, qu’on me cite en France, depuis dix-huit cents ans, un seul faiseur de loix qui seulement ait eu le sens commun.