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maison, elle nous jeta dans une chambre obscure, où il nous fut impossible de rien appercevoir jusqu’à l’arrivée de Dorval.

Il parut presque sur-le-champ, suivi de deux grands coquins à moustaches, dont le seul aspect me fit frémir ; les bougies qu’ils portaient, nous montrèrent tout de suite la singularité des meubles de la chambre où nous étions enfermées ; au fond de cette pièce se voyait un échafaud, sur lequel était deux potences, et tous les apprêts nécessaires à l’exécution du supplice de la corde.

Vous allez, mesdemoiselles, nous dit brusquement Dorval, recevoir ici la punition de vos crimes ; et se plaçant dans un grand fauteuil, il ordonne à ses deux acolites de nous déshabiller, depuis les pieds jusqu’à la tête, sans nous laisser même, ni bas, ni souliers, ni coëffes ; on apporte tous ces vêtemens à ses pieds, il les fouille, il en dérobe tout l’argent qu’il y trouve ; puis ayant fait un paquet du total, il le jette par une fenêtre. Ces coquines, dit-il, d’un ton flegmatique, n’ont plus besoin de ces hardes. Une bière sera bientôt le seul habit qu’il leur faudra, et j’en ai deux toutes prêtes. Un des agens de Dorval les tire effective-