Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/240

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ment de dessous l’échafaud, et nous les fait voir.

Quoique vous soyez bien et dûement atteintes et convaincues toutes deux, dit Dorval, d’avoir ce matin chez moi, méchamment, dépouillé deux honnêtes gens de leurs bijoux et de leur or, je ne vous en somme pas moins de me déclarer la vérité : êtes-vous coupable ou non de cette atrocité ? Nous en sommes coupables, monsieur, répondit Fatime ; car, pour moi, véritablement émue, je commençais à perdre la tête. Puisque vous avouez votre crime, reprit Dorval, toute formalité devient inutile ; cependant il m’en faut l’aveu tout entier ; n’est-il pas vrai, Juliette, poursuivit le traître, en me contraignant, par ce moyen, à répondre ? n’est-il pas vrai que vous les avez fait mourir, en les jetant inhumainement la nuit dans le milieu de la rue ? — Monsieur, c’est vous… Puis me reprenant : Oui monsieur, c’est nous qui sommes aussi coupables de ce crime : allons, dit brusquement Dorval, il ne me reste plus qu’à prononcer ; écoutez toutes deux votre arrêt à genoux, nous nous y mîmes ; ce fut alors que je m’apperçus de l’effet que cette scène d’horreur