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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/255

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prendrez-vous pas, d’ailleurs, quand vous saurez que cet homme est Noirceuil, qui vient de nous quitter pendant le peu de jours que doit durer la narration que j’ai à vous faire d’aventures trop connues de lui, pour qu’il ait besoin de les entendre encore.

Par un excès de débauche inconcevable et bien digne de l’homme charmant dont j’ai à vous entretenir, Noirceuil voulait que sa femme fût le témoin de son libertinage ; qu’elle le servît et s’y prêtât ensuite à son tour. Remarquez bien ici qu’on me croyait toujours pucelle, et que ce n’était qu’à des filles vierges, au moins dans cette partie de leurs corps, que Noirceuil voulait avoir à faire.

Madame de Noirceuil était une très-jolie femme de vingt ans au plus : livrée très-jeune à son époux, âgé déjà d’environ quarante ans, et d’un libertinage effrénée, je vous laisse à penser tout ce que cette intéressante créature avait souffert depuis qu’elle était l’esclave de ce roué. Tous deux étaient dans le boudoir où l’on me reçut. À peine fus-je entrée, que l’on sonna, et deux garçons de dix-sept à dix-huit ans parurent aussitôt presque nuds.