Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/264

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égale à celle de ses vertus ; celui qui n’a point de penchant pour la vertu, doit donc se courber aveuglément sous la main qui le tyrannise, bien certain que cette main est celle de la nature, et qu’il est l’être choisi par elle, pour le maintien de l’équilibre ; mais, dis-je, à cet insigne libertin, quand le délire est dissipé, n’éprouvez-vous donc pas quelques secrets mouvemens de vertu… qui, si vous les suiviez, vous ramèneraient infailliblement au bien ? Oui, me répondit Noirceuil, j’éprouve quelquefois ces secrets mouvemens, ils naissent quelquefois dans le calme des passions ; et voici, je crois, comment ils peuvent s’expliquer.

Est-ce véritablement la vertu qui vient combattre le vice dans moi ? et à supposer que ce soit elle, dois-je me livrer à ses inspirations ? Pour résoudre cette question et la résoudre sans partialité, je mets mon esprit dans un état de calme assez parfait, pour ne pouvoir accuser aucunes des parties de l’avoir fait pencher plus que l’autre, et je me demande ensuite, ce que c’est que la vertu ? Si je trouve que son existence ait quelque réalité, j’analiserai cette existence ; et si elle me paraît préférable à celle du