Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/265

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vice, je l’adopterai sans doute. Je vois donc, en réfléchissant, qu’on honore du nom de vertu, toutes les différentes manières d’être d’une créature, par lesquelles cette créature abstractivement de ses plaisirs et de ses intérêts, se porte au bonheur de la société, d’où il résulte que, pour être vertueux, je dois oublier tout ce qui m’appartient, pour ne plus m’occuper que de ce qui intéresse les autres ; et cela, avec des êtres, qui certainement n’en feraient pas autant pour moi ; mais le fissent-ils même, serait-ce une raison pour que je dusse agir comme eux, si toutes les dispositions de mon être s’opposent en moi à cette manière d’exister ? D’ailleurs, si l’on appelle vertu, ce qui est utile à la société, en isolant la définition, on donnera le même nom à ce qui sera utile à ses propres intérêts, d’où il résultera, que la vertu du particulier sera souvent tout le contraire de la vertu de société ; car les intérêts du particulier, sont presque toujours opposés à ceux de la société ; ainsi, il n’y aura donc rien de positif, et la vertu purement arbitraire, n’offrira plus rien de solide. Si je reviens à la cause du combat que j’éprouve lorsque je penche vers le vice, bien