Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/267

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mon esprit est fondu dans le plaisir, je ne respire plus, que pour la volupté.

Monsieur, dis-je à ce libertin dont j’avoue que les discours m’enflammaient extraordinairement, et que je ne réfutais, que pour qu’il s’ouvrit davantage ; ah ! monsieur, refuser une existence à la vertu, est, ce me semble, vouloir atteindre le but avec trop de rapidité, et s’exposer peut-être, le manquer, en glissant trop sur les principes qui doivent nous amener aux conséquences.

Eh bien, reprit Noirceuil, je le veux : raisonnons avec plus de méthode ; tes réflexions me prouvent que tu es en état de m’entendre ; j’aime à parler à ceux qui te ressemblent.

Dans tous les événemens de la vie, reprit Noirceuil, dans tous ceux, au moins, qui nous laissent la liberté du choix, nous éprouvons deux impressions, ou si on l’aime mieux, deux inspirations ; l’une nous porte à faire ce que les hommes appellent la vertu, et l’autre à préférer ce qu’ils appellent le vice. C’est l’histoire de ce choc, qu’il faut examiner : Ce flux n’existerait pas sans nos passions, dit l’honnête-homme, ce sont