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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/268

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elles qui balancent les mouvemens de la vertu, toujours imprimés dans nos âmes par la main même de la nature. Maîtrisez vos passions, vous ne balancerez plus ; mais, qui a convaincu cet homme qui me parle ainsi, que les passions ne sont que les effets des seconds mouvemens, et que les vertus sont les effets des premiers ? Quelles preuves certaines pourra-t-il me donner de son hypothèse ? Pour découvrir cette vérité, et pour m’assurer auquel des deux sentimens appartient, en effet, la priorité qui doit me décider, (car il est sûr, que celle des deux voix qui parle la première, est celle à laquelle je dois me rendre, comme inspiration certaine de la nature, dont l’autre n’est que la corruption.) Pour, dis-je, reconnaître cette priorité, j’examine, non pas les nations individuellement, parce que leurs mœurs ont pu dénaturer leurs vertus, mais j’observe la masse entière de l’humanité ; j’étudie le cœur des hommes, d’abord sauvages, ensuite civilisés ; voilà le livre qui, bien certainement, va m’apprendre si c’est aux vices, ou bien à la vertu, que je dois la préférence, et qu’elle est, de ces deux inspirations, celle à qui appartient la