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priorité. Or, dans cet examen, je découvre d’abord la constante opposition de l’intérêt particulier, à l’intérêt général ; je vois, que si l’homme préfère l’intérêt général, et que, par conséquent, il soit vertueux, il sera très-infortuné toute sa vie, et que si, au contraire, son intérêt particulier l’emporta chez lui, sur l’intérêt général, il deviendra parfaitement heureux, si les loix le laissent en paix ; mais les loix ne sont pas dans la nature, ainsi elles ne doivent être d’aucune considération dans notre examen, lequel examen doit donc, abstraction faite des loix, nous démontrer infailliblement l’homme plus heureux dans le vice, que dans la vertu ; d’où je concilierai que la priorité appartenant au mouvement le plus fort, c’est-à-dire, à celui où est le bonheur, il deviendra incontestable, que ce mouvement sera celui de la nature, et que l’autre n’en sera que la corruption, il deviendra démontré que la vertu n’est point le sentiment habituel de l’homme, qu’elle n’est simplement que le sacrifice forcé que l’obligation de vivre en société, le contraint de faire à des considérations, dont l’observance pourra faire refluer sur lui une dose de bonheur, qui con-