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retournai bientôt dîner à la maison, vraiment désespérée de n’avoir pas vu quelques-unes de ces femmes à l’ouvrage ou de le partager avec elles.

Madame de Noirceuil ne voyait pas de sang froid sa rivale établie chez elle ; la manière impérieuse et dure dont son mari lui avait enjoint de m’obéir, ne contribuait pas peu à l’aigreur qu’elle témoignait à tout instant ; il n’y avait pas un seul jour où elle n’en pleurât de dépit : infiniment mieux logée qu’elle, mieux servie, plus magnifiquement habillée, ayant une voiture à moi seule, pendant qu’elle jouissait à peine de celle de son mari, on doit facilement juger à quel point cette femme devait me haïr. Mais mon ascendant sur l’esprit de monsieur, était trop bien établi pour que j’eusse rien à redouter des boutades de madame.

Vous imaginez pourtant bien que ce n’était point par amour que Noirceuil agissait ainsi. Il voyait, dans ma société, des moyens de crimes : en fallait-il davantage pour sa perfide imagination. Rien n’était réglé comme les désordres de ce scélérat. Tous les jours, sans que jamais rien pût interrompre un pareil arrangement, la Duvergier lui fournis-