Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/311

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enfant par un de ses gitons ; elle était grosse de six mois. — Quoi, monsieur, dis-je, vous croyez que c’est Gode. — J’en suis certain, Juliette, regarde son air confus, embarassé ; n’écoutant plus alors que mon perfide égoïsme, et nullement les résolutions que j’avais prises, de ne jamais vexer ni tourmenter ceux qui me paraîtraient aussi scélérats que moi, je me jette aux pieds de Noirceuil, pour le supplier de faire arrêter la coupable. Je le veux bien, me dit Noirceuil, avec un flegme qui eut dû m’éclairer, si mon esprit eût été plus présent. Mais tu ne jouiras pas de son supplice ; grosse, elle obtiendra des délais, et pendant ce terme, jeune et jolie, la coquine pourra fort bien se tirer d’affaire. — Oh Dieu, j’en serais désolée. — Je le sens bien, c’est au gibet que tu voudrais la voir ; mais cela ne se pourra pas de trois mois au moins. Écoute, Juliette, à supposer, même que tu pusses jouir de ce plaisir, ce qui, je le sens, en serait un très-vif pour la tête que je te connais ; cette volupté, dans le fond, ne serait que l’histoire d’un quart-d’heure ; prolongeons les tourmens de cette malheureuse ; faisons-la souffrir toute sa vie ; rien n’est plus aisé ; je vais la faire