Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/319

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seule peut détruire, et qu’il faut travailler fortement à vaincre.

Et en effet, pour juger si une chose est véritablement criminelle, ou non, il faut examiner de quel dommage elle peut être à la nature ; car, on ne peut raisonnablement qualifier de crime que ce qui, vraiment outragerait ses loix ; il faut donc que ce crime se trouve uniforme, que ce soit une action quelconque, tellement en horreur à tous les peuples de la terre, que l’exécration qu’elle inspire, se trouve aussi généralement empreinte en eux, que le desir de satisfaire à leurs besoins ; or, il n’en existe pas une seule de cette espèce, celle qui nous paraît la plus atroce et la plus exécrable, a trouvé des autels ailleurs.

Le crime n’a donc rien de réel, il n’y a donc véritablement aucun crime, aucune manière d’outrager une nature toujours agissante… toujours trop au-dessus de nous, pour nous redouter en quoi que ce puisse être. Il n’est aucune action, telle épouvantable, telle atroce, telle infâme que vous puissiez la supposer, que nous ne puissions commettre indifféremment, toutes les fois que nous nous y sentons portés, que dis-je,