Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait le mal, pourrait-il ne pas être utile à la nature ; et, qui peut douter que le scélérat ne soit un être qu’elle ait formé tel, pour accomplir ses vues. Pourquoi ne voulons-nous pas qu’elle ait fait parmi les hommes, ce que nous voyons qu’elle a fait parmi les animaux ; toutes les classes ne se dévorent-elles pas mutuellement, et ne s’affaiblissent-elles pas sur la terre, en raison de l’état où il est nécessaire que les loix de la nature se maintiennent. Qui doute que l’action de Néron, empoisonnant Agrippine, ne soit un des effets de ces mêmes loix, aussi constant que celui du loup qui dévore l’agneau ; qui doute que les proscriptions de Marius et de Sylla, ne soient autre chose que la peste et la famine qu’elle envoye quelquefois sur terre. Je sais bien qu’elle n’assigne pas aux hommes tel ou tel crime, de préférence, mais elle les crée tous, avec une certaine propension à tel genre de crimes : et de la réunion de tous ces forfaits, de la masse de toutes ces destructions légales ou illégales, elle en recueille le désordre et l’affaiblissement dont elle a besoin pour retrouver l’ordre et l’accroissement. Pourquoi, nous eut-elle donné les poisons, si elle n’eût