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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/322

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pas voulu que l’homme s’en servît ? Pourquoi eût-elle fait naître Tibère, Héliogabale, Andronic, Hérode, Venceslas, et tous les autres scélérats ou héros (ce qui est synonyme) qui ravagent la terre, si les destructions de ces hommes de sang, ne remplissaient pas ses vues ? Pourquoi enverrait-elle, près de ces coquins-là, des pestes, des guerres, des famines, s’il n’était pas essentiel qu’elle détruisît, et, si le crime et la destruction ne tenaient pas essentiellement à ses loix ? Si donc, il est essentiel qu’elle détruise, pourquoi, celui qui se sent né pour détruire, résisterait-il à ses penchans ? Ne pourrait-on pas dire que, s’il faut qu’il y ait un mal sur la terre, ce doit être visiblement celui qu’on fait en résistant aux vues de la nature sur nous. Pour que le crime qui n’offense et qui ne peut offenser que notre semblable, pût irriter la nature, il faudrait supposer qu’elle prît plus d’intérêt a certains êtres qu’à d’autres, et que quoique nous fussions tous également formés de ses mains, nous ne fussions pourtant pas tous également ses enfans ; mais, si nous nous ressemblons tous, à la force près, si elle n’a pas pris plus de peine à former un empereur