Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/325

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cela sont des délits d’une trop mince importance pour qu’ils puissent lui devenir d’une utilité bien majeure ; mais il lui est très-nécessaire que je tue ce fils, cette femme ou cette sœur, quand elle me l’indique ; et voilà pourquoi les penchans… les désirs que nous éprouvons pour les grands crimes sont toujours plus violens que ceux que nous ressentons pour les petits, et que les plaisirs qu’ils nous donnent ont un sel mille fois plus piquant ; aurait-elle ainsi, par gradation, placé du plaisir à tous les crimes, si le crime ne lui était pas nécessaire ? ne nous indique-t-elle pas, au moyen de ce charme mis avec coquetterie, par sa main, que son intention est que nous suivions la pente où elle nous entraîne : ces chatouillemens indiscibles que nous éprouvons au complot d’un crime, cette ivresse où nous sommes, en nous y livrant ; cette joie secrète qui vient nous délecter encore quand il est fait ; tout cela ne nous prouve-t-il pas que, puisqu’elle a si bien placé l’attrait auprès du délit, c’est qu’elle veut que nous le commettions ; et que, puisqu’elle a doublé cet attrait, en raison de l’énormité, c’est que le forfait de destruction regardé conventionnellement